Pourquoi est-ce si difficile de passer en mode « zéro déchet » ?

Quand on regarde sur Internet tout ce qui existe sur le « zéro déchet », quand on assiste à des ateliers ou des conférences sur ce sujet, il semble que cela est facile, et que toutes les solutions sont à portée de main. On pourrait croire qu’il suffit de trouver des alternatives sans déchet à nos objets et produits du quotidien pour ne plus produire de déchet, et que la planète aille mieux.

pourquoi est-ce difficile de passer en mode "zéro déchet"?

Or, si c’est le cas, pourquoi autant de gens ont envie de s’y mettre sans y arriver ? Pourquoi un certain nombre d’autres personnes ont commencé la démarche, et se retrouvent bloqués sans pouvoir davantage diminuer leurs déchets ? Et nous ne parlons pas des gens qui n’ont jamais entendu parler de ce mouvement. D’autres en ont entendu parler, mais ne comprennent pas le concept “zéro déchet” (ils pensent que recycler suffit, et qu’il n’y a pas d’autres solutions, c’est « normal » de produire des déchets, et impossible de ne pas en produire).

On peut donc se poser légitimement la question : pourquoi est-ce si difficile de passer en mode « zéro déchet » ?

Voici ci-dessous des réponses à cette question, ainsi que des conseils pour avancer malgré tout dans la démarche.

1. Parce que cela se fait sur le long terme !

Changer est un choix et un processus sur le long terme

Le premier point essentiel à mettre en évidence est qu’il s’agit de changer son mode de vie : c’est un processus. Même si les changements se font petit à petit, il s’agit de revoir entièrement les gestes du quotidien, les habitudes prises, et les croyances que l’on peut avoir. Et comme dans tout changement : « on sait ce que l’on perd, mais on ne sait pas ce que l’on gagne ». Il s’agit donc de prendre des risques. De faire des essais, d’accepter de ne pas trouver tout de suite la solution qui nous correspond, de persévérer. Bien sûr, certains changements passeront inaperçus, et se feront sans effort. Et heureusement ! En revanche, d’autres demanderont de la patience, et une bonne dose de remise en question. Et cela peut être décourageant.

Une habitude met 3 semaines pour être changée. Ainsi en changeant de mode de vie, ce sont des centaines d’habitudes que l’on peut potentiellement changer : imaginez le temps que cela demande !!

Le premier conseil est donc de se laisser le temps de changer : réduire ses déchets se fait sur le long terme, cela peut prendre des années pour atteindre ses objectifs. Patience et tolérance envers soi-même seront donc essentielles dans ce processus.

Ensuite, comme dans tout changement, des obstacles sont à surmonter. Trois catégories d’obstacles peuvent être rencontrées :

2. Premier obstacle : la prise de conscience

on rencontre des obstacles sur sa route lorsque l'on veut changer

On peut toujours se dire que les déchets ne sont pas nos affaires, que recycler nos déchets, cela suffit, et que si conséquences il y a, elles sont bien trop lointaines pour nous atteindre dans notre vie quotidienne.

Et il est vrai que nous ne voyons pas directement les conséquences des déchets que nous produisons. Il est difficile pour notre cerveau de faire le lien, et de garder ce lien à l’esprit EN TOUT TEMPS ! Et c’est bien normal : il s’agit d’une protection de notre cerveau pour nous maintenir en vie, et sain d’esprit ! Eh oui : si chaque fois que l’on prend un objet en main, on y voit un déchet, il y a de quoi perdre la tête et se sentir coupable de tout. Il ne s’agit donc pas de virer à l’extrémisme et de s’arrêter de vivre pour ne plus produire de déchet.

De plus, de nos jours nous sommes exposé à de nombreuses informations sur les méfaits de notre mode de vie actuel concernant l’état de santé de la planète, du climat, de la biodiversité. Toutes ces informations peuvent être anxiogènes et amener notre esprit, dans l’idée de nous protéger cette anxiété, soit à ignorer ces informations, soit à trouver des alternatives de pensées pour diminuer notre responsabilité face à ces faits décrits.

Pour être motivé à commencer à changer, la première chose à faire est de prendre conscience sur le long terme des conséquences qu’ont les déchets sur notre planète, mais surtout sur nous, les êtres humains, et plus particulièrement dans sa propre vie.

Le deuxième conseil est donc de prendre régulièrement le temps d’évaluer le volume et le poids des déchets que l’on produit, et de changer cela en défi amusant à faire. Il est aussi important d’être attentif à la quantité d’informations potentiellement anxiogènes, et de réduire son exposition à de telles informations dans le cas où des conséquences sur le moral sont remarquées.

3. Deuxième obstacle : les difficultés rencontrées au niveau environnemental, physique, et social

Si vous habitez dans une région où il n’y a pas de magasin pour acheter son alimentation en vrac, et pas de service de livraison de vrac, cela va être plus compliqué que pour une autre personne habitant juste à côté d’un magasin de vrac. Ainsi lorsque l’on veut diminuer ses déchets, il est important d’explorer autour de soi quels sont les endroits où l’on peut se procurer ce dont on a besoin, comme les magasins de vrac, de seconde main, etc.

Il se peut que vous ayez des allergies (au gluten, par exemple) qui limiteront la capacité de réduction de vos déchets. Ainsi au niveau alimentaire il sera sans doute contre-indiqué d’acheter en vrac, mais ce sera possible pour tout ce qui concerne les produits ménagers ou cosmétiques.

Enfin, vous pouvez avoir parfois l’impression qu’il est difficile au niveau social de diminuer vos déchets. Par exemple parce que Belle-Maman apporte plein de cadeaux à vos enfants, avec des emballages jetables, et que cela lui fait teeeeeellement plaisir d’offrir « et enfin, on ne va pas priver ces petits de la joie de recevoir un jouet NEUF sous prétexte qu’il fait un peu plus chaud l’été, je ne vois pas le rapport ». Ou encore par exemple, votre conjoint qui trouve que la viande se garde plus longtemps quand elle est emballée sous vide, ou n’a certainement pas envie d’utiliser le mouchoir en tissu que vous lui proposez parce que « ça fait trop grand-papa ».

Qu’à cela ne tienne, et ce sera le troisième conseil, l’important pour commencer (et jusqu’au bout, finalement), ce sera de vous concentrer sur les déchets que vous produisez vous-même, car vous n’êtes pas responsables des actes de votre conjoint ou de votre famille. Faites les changements que vous avez envie en premier, parlez de votre expérience sans rien imposer, proposez à votre famille ou vos colocataires d’essayer sans rien attendre de plus.

4. Troisième obstacle : les pensées et les croyances que nous avons sur notre façon de faire

Depuis notre plus tendre enfance, nous avons entendu des phrases telles que « il faut manger des produits laitiers tous les jours, c’est plein de calcium et c’est bon pour les os », puis plus tard nous avons appris qu’il y a besoin d’un produit ménager par catégories de saleté ou de surface à nettoyer (le produit pour les vitres, le produit pour la salle de bain, le produit pour la cuisine, etc.) . Puis nous avons développé nos propres croyances en lien avec les expériences que nous avons faites (« cette lessive lave mieux que celle-là », « j’ai besoin de 6h de sommeil pour être en forme », « je dors mieux la nuit après avoir fait du sport juste avant de dormir »).

Toutes ces croyances nous aident à créer des automatismes et à ne pas devoir réfléchir avant toute action. C’est donc bénéfique pour notre cerveau. Cependant, lorsque l’on veut faire un changement dans son mode de vie, il se peut que certaines croyances nous empêchent de faire certains changements (« je ne peux pas acheter la nourriture en vrac car il faut la stocker dans des bocaux et je n’ai pas assez de place dans ma cuisine », « je ne peux pas utiliser de shampooing solide car j’ai les cheveux secs », “pour réduire ses déchets il faut tout faire soi-même “). En restant fixés sur certaines pensées, on évite le changement, et surtout, on ne va pas s’informer sur les diverses possibilités qui pourraient nous convenir.

Mon quatrième conseil sera donc de noter les pensées qui nous viennent lorsqu’un changement semble impossible à faire, et d’évaluer dans quelle mesure il s’agit d’un blocage « dans la tête » (« le fait d’utiliser des mouchoirs en tissus me dégoute » ) ou d’un réel obstacle environnemental ( « je ne trouve pas de mouchoirs en tissu » ). Ainsi la solution envisagée sera différente (soit il y a besoin de temps pour se faire à l’idée, soit se renseigner sur les endroits où trouver des mouchoirs en tissu).

Maintenant que nous avons vu les obstacles qui nous empêchent ou nous bloquent dans la diminution de nos déchets, on peut se demander : « Quelles sont les bonnes questions à se poser lorsque l’on veut diminuer ses déchets ? » (article à venir !)

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